Auteur: Stagire
Date: 26-11-2017 19:44
Cher D,
> Voici une définition, peut-être plus claire pour vous, du
> possible tel que je l'entends: c'est ce qui n'implique pas
> contradiction.
Cette «définition» a le défaut d’être négative; elle ne dit pas ce qu’est le possible. Dès lors, elle est indéterminée, ce pourquoi elle n’est pas «claire».
> Votre passage de "non-nécessaire" à "possible" n'est valable
> que dans l'ordre des êtres réels. En effet, si parmi les
> existants un être se trouve ne pas être nécessaire, alors il
> est seulement possible (autrement dit, s'il n'est pas Dieu, il
> est une créature).
L’expression «dans l’ordre de» exige que des «ordres» soient, et que ce qu’Ils sont soit connu. Telle que vous l’employez ici, en écrivant : «dans l'ordre des êtres réels», vous nous indiquez qu’il y a des «ordres» pour «des êtres», ce en quoi vous avez raison.
Vous nous indiquez encore que, parmi les «êtres», certains sont «réels», alors que d’autres sont autrement que «réels». Dès lors, il s’impose de connaître ce qui est entendu par «réel».
Une thèse reçue propose une classification pertinente : celle de la suppléance et des univers de suppléance.
Votre division entre un «ordre réel» et un «ordre logique» est recevable dans cette thèse. En gros, disons que votre «ordre réel» est celui où se trouvent les êtres tels qu’ils sont hors de notre connaissance, sensitive ou intellective. Les êtres tels qu’ils sont dans notre connaissance, sensitive ou intellective, sont dits intentionnels. Les êtres dits «intentionnels» se divisent en «être de sensation», pour la connaissance sensitive, et «être de raison», pour la connaissance intellective.
Dans l’univers de l’être dit «réel», on trouve du :
1. il est nécessaire que S soit (il est impossible que S ne soit pas)
2. il est nécessaire que S ne soit pas (il est impossible que S soit)
3. il n’est pas nécessaire que S ne soit pas (il n’est pas impossible que S soit — il est possible que S soit)
4. il n’est pas nécessaire que S soit (il n’est pas impossible que S ne soit pas — il est possible que S ne soit pas — il est contingent que S soit)
Ce qui se trouve dans cet univers de l’être dit «réel» est étudié en métaphysique, chez Aristote.
Pour connaître, de connaissance intellective, cet univers de l’être dit «réel», il existe un univers de l’être dit «intentionnel intellectif», dit aussi «être de raison», où se trouvent les expressions dites d’intention seconde; c’est l’univers des êtres qu’étudie la logique, l’univers de la suppléance dite «simple».
Évidemment, pour connaître, de connaissance intellective, cet univers de l’être dit «réel», s’il existe un univers de l’être dit «intentionnel intellectif», dit aussi «être de raison», il n’est pas moins nécessaire de passer par l’univers de l’être dit «intentionnel sensitif».
> Mais ce même passage n'est pas valable dans l'ordre logique, où
> je me tiens ici. En effet, le non-nécessaire comprend
> logiquement autant une partie du possible que l'impossible.
> Donc, la seule chose que vous pouvez conclure d'un point de vue
> logique à partir de "il n'est pas nécessaire que «ce» ne soit
> pas", c'est "il est possible que «ce» soit".
Selon «l'ordre logique» tel que vous le concevez, «le non-nécessaire comprend logiquement autant une partie du possible que l'impossible», alors que, selon vous, mon «passage de "non-nécessaire" à "possible" n'est valable que dans l'ordre des êtres réels».
Pourtant :
3. il n’est pas nécessaire que S ne soit pas (il n’est pas impossible que S soit — il est possible que S soit)
4. il n’est pas nécessaire que S soit (il n’est pas impossible que S ne soit pas — il est possible que S ne soit pas — il est contingent que S soit)
Cordialement
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